"Ce livre abominable" pour reprendre l'expression de Frédéric II a eu un singulier destin. Contemporain de la découverte de l'Amérique Nicolas Machiavel tel Galilée a été le premier découvreur de ce "territoire de la politique" dont le XXe siècle avec le cynisme triomphant des totalitarismes bruns et rouges sut élargir les limites jusqu'à l'horreur.
Depuis le XVIe siècle en effet les interprétations du Prince se sont succédées et Diderot n'a pas été le moins lucide qui écrivait dans l'article machiavélisme de son Encyclopédie: "Si vous acceptes jamais un maître il sera tel que je vous le peins : voilà la bête féroce à laquelle vous vous abandonnerez. Ainsi ce fut la faute de ses contemporains s'ils méconnurent son but : ils prirent une satire pour un éloge".
A moins de ne voir en Machiavel que le "Satan en bonnet de coton" dénoncé par Barbey d'Aurevilly en oubliant qu'il est l'auteur de chevet "des princes qui nous gouvernent"...